Réfléchir à la question de la Terre, c’est d’abord retrouver un contact avec elle.
C’est une danse, qui remonte de l’enfance, en cet endroit où le geste naît d’un lien étroit avec le sol : souvenir de nos mains qui touchent, cherchent à comprendre, des bras qui portent, du corps qui se redresse, s’appuie sur la terre ferme, trouve un regard, un élan. Terre ! s’adresse aux personnes âgées et aux tout-petits, c’est une manière d’aborder l’art et la culture comme un moment de vie, une manière de partager la joie de vivre ensemble.
Au milieu d’une prairie bleue avec des nuages moutonneux, il y a… Qu’y a-t-il en fait ?
Comme personne ne le sait, appelons cela un lit, une montagne, un immeuble et tout ce qui nous passe par la tête. Un homme et une femme apparaissent. Comme le battement d’ailes d’un papillon, les histoires s’épanouissent. De Stilte offre aux petits comme aux grands une histoire débordante d’imagination dans une atmosphère intime et poétique. Prend vie un univers délicat de rosée, de soleil, de vent, de pluie et de neige, dans lequel peu à peu la frontière entre le public et les danseurs s’évanouit.
Un spectacle avec des choses de rien qui s’articule autour de trois contes. Entre chacune des histoires, la musique et la poésie viennent s’insérer comme un intermède.
Les personnages se retrouvent d’un conte à l’autre, petites marionnettes que le narrateur manipule à vue dans le faisceau lumineux d’un appareil de projection. Une lanterne vive projette les couleurs de l’automne : ombre des roseaux, d’une pomme de pin, silhouette d’un écureuil dans le mouvement du vent. Une calebasse remplie de terreau, d’épices et de feuilles mortes fait office de castelet. C’est l’automne, sur les feuilles mortes un oisillon rencontre un hérisson puis un écureuil ; le vent les entraîne d’une aventure à l’autre. Le conteur tourne la manivelle d’un « petit limonaire », égraine les notes d’une chanson d’automne, quelques vers de Verlaine, puis reprend son histoire. Les enfants sont assis autour de lui, dans la chaleur paisible d’une veillée d’automne.
L’adolescence est une tempête, un tsunami hormonal, biologique, physique. C’est une nouvelle étape dans la mise aux normes, dans le dressage de l’individu en membre d’un collectif élargi, au-delà du cercle familial.
Entre premières fois trop tôt et trop tard, boutons sur le front, poils partout et nulle part, seins qui poussent trop et pas assez, genre à l’envers, entre apprentissage de son corps, communication difficile, voire impossible avec la famille, silence, coming-out, troubles divers sur l’identité, comment ne pas ressentir parfois des nausées, l’envie d’envoyer tout balader ? Avec quatre complices, Rebecca Chaillon replonge dans cette période où elle aurait aimé qu’on mette sur sa vie des mots, des images à la hauteur de ses émotions. Mêlant maquillage, nourriture, poèmes et documentaire sonore, elle s’adresse tout particulièrement à celles et ceux qui cherchent à soigner leur corps et leur histoire, à s’autodéterminer pour mieux vivre leur vie.
Tout commence par les douze dieux de l’Olympe, qui après avoir fait la guerre pour établir l’ordre sur la terre, veulent répartir les places entre les hommes et eux.
Amusés par l’homme et sa misérable condition de mortel, ils se régalent à l’idée de lui infliger des épreuves. Et nous voilà partis à suivre l’épopée de Prométhée et Pandore, puis de Persée. Raconter ces mythes aujourd’hui, c’est se rendre compte que nos limites, nos défauts, nos peines, sont à l’œuvre depuis toujours dans l’histoire humaine. Nous les avons actualisés en les rendant accessibles à tous, prenant comme fil rouge les jeux olympiques. Les conteurs sont tantôt joueurs de football, de rugby ou encore supporters de stade. Les dieux les observent d’en haut, s’adressant à eux par téléphone et passant le reste de leur temps à chanter comme des finalistes d’un télécrochet. Qu’est-ce qu’un héros ? Que fait-on au nom de Dieu ? Quelle place pour le droit à la peur ? La mythologie grecque est dans ce sens de toute actualité.
Le travail d’Audrey Bonnefoy s’articule autour de la rencontre et du dialogue entre plusieurs disciplines artistiques. L’enfance et ses questionnements sont placés au cœur du travail de création et chacun des éléments scéniques devient un support de jeu pour dépeindre cette période si intime et décisive.
Une grande partie de ses créations est tournée vers les tout-petits et le lien entre art, enfant, nature. Flânerie ou rêverie, le spectateur est laissé libre. « Nous pensons la culture comme un jardin, expérimentant des manières nouvelles d’inscrire l’art dans la vie. »
La compagnie Mon Grand l’Ombre excelle dans la fabrication de spectacles hybrides, où se mélangent avec allégresse musique, cinéma d’animation, théâtre, créant ainsi un langage très singulier au service d’histoires poétiques et dépaysantes.
Muerto o vivo ! s’inspire de la tradition mexicaine. Un gouverneur tyrannique, aux caprices sans bornes, et qui est terrorisé par la mort, soumet toute la population d’une ville, et entend la faire travailler à son service exclusif. Pourtant un immeuble résiste à cette fureur totalitaire. Deux policiers idiots mènent l’enquête, mais leurs maladresses conduiront le tyran à rencontrer les habitants de cet immeuble tant redouté : des petits squelettes facétieux, joyeux et délurés, conduits par La Muerta elle-même ! Les trois interprètes du spectacle jouent en direct la partition sonore – y compris les voix de ce dessin animé projeté sur grand écran : une expérience étonnante et stimulante.
Dans La Forêt de glace, les images vidéo, la musique (composée en direct et à vue), le texte (adapté du roman Le Palais de glace de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas) et la danse se rencontrent pour composer une forme à la frontière du ciné-concert et du spectacle vivant.
Dans un paysage de légende façonné par le froid et la glace, au cœur de l’interminable automne norvégien, deux fillettes se découvrent et se reconnaissent. Siss et Unn, Unn et Siss. De caractère apparemment opposé, elles s’attirent et se troublent, jusqu’au soir où les yeux plongés dans un même miroir, elles scellent un pacte, un lien aussi indéfectible qu’inexplicable, ténu comme un cristal de givre et puissant comme le palais de glace figé au pied de la cascade. Le lendemain Unn disparaît… Une intrigue, mystérieuse qui permet une libre interprétation : Siss et Unn sont-elles deux ? Ou bien n’est ce que l’évocation d’une seule et même fillette qui voit s’évanouir l’enfant en elle pour devenir une jeune fille ?
Das Plateau, pour son premier spectacle en direction du jeune public a choisi Le Petit Chaperon rouge dans la version des Frères Grimm. Ici, la petite fille qui se promène joyeusement dans la forêt n’est pas imprudente ou naïve mais au contraire vaillante et courageuse, traversant les dangers et retournant le sort.
Ce récit initiatique retrouve une dimension occultée, qui, par-delà les temps et les générations, magnifie la solidarité féminine et raille les affreux loups méchants. On redécouvre ainsi ce conte émancipateur, beaucoup plus subversif qu’on ne le pense, qui affirme le droit au mystère, au plaisir, à la liberté et à la peur. Un dispositif optique qui rivalise d’ingéniosité et de poésie, dans lequel se déploie une succession de tableaux-paysages faits de disparitions et d’apparitions, rend tout son mystère et toute sa vitalité au conte. Le résultat est une pépite d’une beauté esthétique bouleversante qui creuse aux racines du conte des frères Grimm pour mieux en extraire la vision optimiste et roborative.