Arnaud Meunier revisite le conte philosophique de Voltaire en un chant salutaire et joyeux porté par huit acteurs-conteurs, un pianiste et un percussionniste.

Dans un univers scénique haut en couleurs Candide nous entraîne à travers un long voyage initiatique. Guerres, tremblement de terre, naufrages, condamnations par l’Inquisition, mythe de l’Eldorado… Rien n’est épargné au jeune héros ! Voltaire fait de Candide une comédie acide sur les puissants, les religions, la bêtise humaine et l’égoïsme de tout un chacun ; ainsi qu’une œuvre pionnière dans sa critique de l’esclavagisme et des différentes formes d’oppression. Autant de raisons excitantes pour (ré)entendre aujourd’hui cet esprit libre et sarcastique qu’était Voltaire. Les interprètes passent sans arrêt d’un personnage à l’autre. En deux heures d’effervescence ininterrompues, ils content autant qu’ils incarnent, s’affligent, se réjouissent, chantent parfois aussi, toutes les aliénations du monde, d’hier comme d’aujourd’hui.

Tout commence par les douze dieux de l’Olympe, qui après avoir fait la guerre pour établir l’ordre sur la terre, veulent répartir les places entre les hommes et eux.

Amusés par l’homme et sa misérable condition de mortel, ils se régalent à l’idée de lui infliger des épreuves. Et nous voilà partis à suivre l’épopée de Prométhée et Pandore, puis de Persée. Raconter ces mythes aujourd’hui, c’est se rendre compte que nos limites, nos défauts, nos peines, sont à l’œuvre depuis toujours dans l’histoire humaine. Nous les avons actualisés en les rendant accessibles à tous, prenant comme fil rouge les jeux olympiques. Les conteurs sont tantôt joueurs de football, de rugby ou encore supporters de stade. Les dieux les observent d’en haut, s’adressant à eux par téléphone et passant le reste de leur temps à chanter comme des finalistes d’un télécrochet. Qu’est-ce qu’un héros ? Que fait-on au nom de Dieu ? Quelle place pour le droit à la peur ? La mythologie grecque est dans ce sens de toute actualité.

En lien avec Candide et L’Iliade et L’Odyssée.
Qu’est-ce que l’aventure ? Quelles sont ses différentes formes ?

Jankélévitch : L’aventure, l’ennui, le sérieux, GF
Philippe Perrot : Devenir soi-même, HD philosophie
Giorgio Agamben : L’aventure, Rivages poche Payot

Les Géants de la montagne est la dernière pièce, non achevée, de Pirandello, décédé en 1936. Ce texte est une métaphore de la réalité que vit l’Italie des années 30, avec le fascisme.

Pirandello y pose la question de ce que deviennent les sociétés si des mythes adaptés à leur situation ne les soutiennent pas. Le magicien Cotrone et sa troupe vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute leur place. Ils y accueillent la troupe de théâtre d’une comtesse, ruinée et rejetée de partout après l’échec de La Fable de l’enfant échangé. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce en petit comité, mais la comtesse tient à la jouer en public. S’ouvre alors la possibilité d’interpréter la Fable devant les Géants de la montagne, des habitants riches et brutaux, qui ont contraint les forces de la nature à obéir à leur volonté.


En lien avec Les Géants de la montagne.
Fantaisie, politique, utopie, que faire de l’imaginaire ?

Cynthia Fleury : Imagination, imaginaire, imaginal, PUF
Hélène Védrine : Les grandes conceptions de l’imagi-naire, Poche

La compagnie Mon Grand l’Ombre excelle dans la fabrication de spectacles hybrides, où se mélangent avec allégresse musique, cinéma d’animation, théâtre, créant ainsi un langage très singulier au service d’histoires poétiques et dépaysantes.

Muerto o vivo ! s’inspire de la tradition mexicaine. Un gouverneur tyrannique, aux caprices sans bornes, et qui est terrorisé par la mort, soumet toute la population d’une ville, et entend la faire travailler à son service exclusif. Pourtant un immeuble résiste à cette fureur totalitaire. Deux policiers idiots mènent l’enquête, mais leurs maladresses conduiront le tyran à rencontrer les habitants de cet immeuble tant redouté : des petits squelettes facétieux, joyeux et délurés, conduits par La Muerta elle-même ! Les trois interprètes du spectacle jouent en direct la partition sonore – y compris les voix de ce dessin animé projeté sur grand écran : une expérience étonnante et stimulante.

Loss, ou comment une approche subtile et intelligente du théâtre permet d’aborder tous les sujets, et d’apprivoiser nos craintes devant les évènements de la vie.

Dans Loss, une famille, père, mère et sœur, va refuser la mort de leur fils et frère. En effet, le jeune homme, Rudy, un jour n’est pas rentré du lycée. Devant cette réalité tragique, Noëmie Ksicova, nouvelle artiste associée au Théâtre du Beauvaisis, rassemble les ressources du geste artistique pour transformer la perte en une autre façon de vivre avec l’absent. Avec l’aide de sa petite amie, qui parfois endosse les habits du disparu, ils font revivre Rudy. Le deuil prend petit à petit la forme d’une aventure lumineuse, partagée par ces quatre êtres qui apprennent à vivre avec des dimensions du monde que notre modernité rationnelle exclut. Comme l’écrit la metteuse en scène : « pourquoi le seul destin des morts serait leur inexistence ? » Un spectacle tout en délicatesse et en proximité porté par des interprètes étonnants.

Prendre la main de l’autre, lever son poing, s’enlacer, célébrer. Depuis plus de dix ans, la chorégraphe Joanne Leighton collecte avec minutie des photographies de rassemblements.

De la fête à la protestation, d’un continent à un autre, près d’un millier d’images compose ce corpus, devenu le point de départ de People United. Qu’il s’agisse d’une scène de liesse ou d’une fête de famille, d’une manifestation publique ou d’un groupement citoyen, neuf danseuses et danseurs se fondent dans la peau de ces clichés et redonnent chair à ces images toujours authentiques, brutes et capturées sur le vif. Par leur répétition, leur juxtaposition, telle une cartographie mouvante du savoir visuel, le groupe réactive des gestes ancestraux. Ces gestes qui tous nous unissent et fondent notre humanité. Entre immobilité et chaos, People United affirme ainsi une expression commune : un vocabulaire physique familier et partagé.

En lien avec Lettres non-écrites.
Secret ? Mensonge ? Pourquoi n’est-il pas ? Quelles sont ses conséquences ?

Collectif : Ne pas dire, Collection Rencontres n°50
Nicole Fernandez Bravo : Lire entre les lignes : l’implicite et le non-dit, PIA

Clé d’écoute pour mieux saisir deux grandes œuvres.

Si la Messe op.48 de Fauré est sans doute l’un des Requiems les plus joués (avec ceux de Mozart et de Verdi) et son œuvre la plus connue, elle ne manque pas de nous interroger… Sa composition s’est répartie sur près d’une douzaine d’années pendant lesquelles plusieurs versions se sont succédées. Et puis, malgré ses fonctions d’organiste de La Madeleine, l’on a dit Fauré agnostique : quel message nous délivre-t-il au travers de cette œuvre si particulière ?