Dans une part de son œuvre, Tiago Rodrigues revisite des figures iconiques, en l’occurrence Iphigénie. Il ne s’agit pas de rejouer l’histoire, mais d’interroger la mémoire qui en est restée dans notre imaginaire, au regard de la construction des rapports homme/femme depuis des millénaires.

Car que raconte Iphigénie, sinon la suprématie des guerriers, des héros virils qui, pour parvenir à leurs fins, exigent le sacrifice d’une jeune fille, soi-disant à la demande des dieux ? Dans cette version magnifiquement orchestrée par Anne Théron, sur une digue qui plonge dans l’océan, des ombres attendent que le vent se lève. Ces fantômes sont conviés à confronter leurs souvenirs, à en découdre : pourquoi Iphigénie a-t-elle été sacrifiée par son père, au nom de quelle loi, de quelle obligation ? Pourquoi Agamemnon ne décide-t-il pas de sauver son enfant, en renonçant à la royauté par exemple ? Un texte et une mise en scène qui nous permettent de sentir comment, au fil des millénaires, les êtres humains voient leurs destins non plus dirigés par des dieux, mais par leur libre arbitre.

Une nouvelle version de la pièce magnifiée par une mise en scène de toute beauté.

La terrasse

Le parti pris est fort et beau, et ces héros d’hier étrangement nous ressemblent.

Télérama